Vers des décisions plus éclairées
Bien plus que la simple prise de décision
La prise de décision en entretien hivernal est une composante centrale puisqu'elle dépend très fortement des moyens mis en œuvre par les organisations routières pour optimiser leur gestion. Bien que l’on considère principalement les outils de prise de décision à part entière, trois éléments jouent en réalité un rôle essentiel pour permettre au personnel de prendre de bonnes décisions :
- la planification de la saison hivernale;
- les ressources consenties pour la surveillance du réseau routier;
- la compilation et l’exploitation de données météo-routières pour mieux évaluer l’impact des événements météo-routiers et la performance des activités.
Ces trois niveaux structurent la gestion d’un réseau routier et permettent à l’organisation de se fixer des objectifs, de mettre en oeuvre les moyens pour atteindre ces objectifs et de contrôler a posteriori l’efficience de l’ensemble des stratégies adoptées.
En effet, avant que les événements météo-routiers ne surviennent, chaque gestionnaire de réseau routier, en tant que maître d’œuvre ou maître d’ouvrage, effectue une planification pour organiser ses ressources (humaines, matérielles ou financières) afin de répondre aux exigences qui lui sont fixées. La formation du personnel, la préparation des documents contractuels, les approvisionnements, le recours à des services particuliers sont des exemples pour lesquels les gestionnaires doivent impérativement définir leurs besoins, avant le début de la saison d’entretien hivernal, et chercher à y répondre de la meilleure façon, selon leur contexte.
Pendant la période des événements météo-routiers, le personnel qui effectue les patrouilles doit pour sa part disposer d’outils (prévisions météorologiques, accès à des sites internet, partage d’informations avec d’autres intervenants) pour évaluer de façon appropriée la situation météo-routière. La mise à disposition des outils adaptés aux besoins, leur facilité d’accès en tout temps ainsi que leur bonne utilisation conditionnent la décision que prendra le personnel pour anticiper les conditions de circulation dangereuses pour l’usager de la route.
Enfin, les moyens mis en oeuvre pour la compilation et l’exploitation des données météo-routières permettent aux gestionnaires de réseau routier de mieux comprendre l’impact des événements météo-routiers sur leur territoire. Les informations obtenues grâce aux analyses permettent d’être en mesure de déterminer plus facilement les secteurs plus affectés du réseau routier selon les types d’événements météo-routiers. Des stratégies mieux adaptées peuvent alors être identifiées pour répondre aux besoins particuliers des décideurs tant concernant la planification que la surveillance du réseau routier au moment des événements.
Des données météo-routières très variées
Les données météo-routières sont de natures variées puisqu’elles font référence aux données météorologiques (température de l’air, vent, humidité, etc.) et routières (débit de circulation, types de voie, température de la surface de la chaussée, etc.), mais aussi aux renseignements sur les impacts sur la circulation (conditions routières publiques, rapports d’événements, sorties de route et accidents) ainsi qu’aux informations sur les interventions (heures d’opération de machinerie, consommations de matériaux épandus, heures de travail).
Les données météo-routières ont toujours alimenté des systèmes d’information à des fins de gestion de quantité de matériaux, de gestion de personnel ou de prévision budgétaire par exemple. Mais, depuis récemment, leur volume a considérablement augmenté grâce aux technologies de l’information et à l’accès à des données plus précises dans le domaine de la météorologie notamment. Certaines organisations disposent même d’une infrastructure technologique qui leur produit d’importantes bases de données pour lesquelles il existe un réel potentiel d’amélioration de la gestion : c’est le cas par exemple des stations météo-routières au bord des routes ou encore des capteurs, de plus en plus présents maintenant, à l’intérieur des véhicules équipés de GPS.
L’analyse des données météo-routières est cependant complexe, car les informations pertinentes que l’on peut en ressortir dépendent des particularités régionales dans lequel se trouve le réseau routier et de la spécificité des événements météo-routiers. Nous savons tous que de nombreux facteurs interviennent dans la dégradation des conditions de circulation routière, qui se produit quelquefois très rapidement. Aussi, une même situation météorologique peut avoir des impacts très différents selon les paramètres routiers ou selon le moment de la journée.
L’inévitable exploitation de la matière première
Malgré la complexité de la météo-routière, de nouveaux outils d’analyse basés sur des interfaces visuelles permettent maintenant d’établir un lien entre les phénomènes météoroutiers, les impacts sur la circulation routière et la réponse adéquate en matière d’interventions d’entretien hivernal. Ces analyses réalisées dans le cadre des technologies de l’information, même si elles paraissent complexes, sont essentielles à l’amélioration de la gestion puisque cette dernière tire profit des données existantes qui ne représentent aucun intérêt si elles sont sous-utilisées. Un système d’information pour lequel les données s’accumulent est un système inutile ou peu performant, car il ne révèle pas d’information pertinente, tant les données peuvent être nombreuses ou tout simplement parce que ces données ne sont pas rapportées à plusieurs éléments de contexte (d’autres sources de données). La rentabilisation des coûts de mise en place et d’entretien des systèmes qui collectent les données météo-routières dépend de leurs possibilités d’exploitation.
Nous sommes donc confrontés à une réalité compte tenu de la complexité de la météo-routière : collecter des données et les stocker dans des bases de données coûte cher et n’apporte aucune ou très peu de plus-value si les gestionnaires ne peuvent pas en tirer des informations pertinentes et adaptées à leurs préoccupations. En absence d’exploitation de cette matière brute que constituent les données, la prise de décision reste difficile et inconfortable. Une mise en valeur appropriée des données d’une organisation routière permet en revanche d’obtenir une meilleure vision des mécanismes des phénomènes météo-routiers sur le territoire, de mesurer plus précisément leurs impacts et de moduler les stratégies d’entretien hivernal en fonction des réalités spécifiques. La planification des activités peut alors intégrer de nouvelles orientations et offrir un contexte de prise de décision plus efficient.