La technique du micro-planage

Mercredi 21 septembre 2011
Infrastructures de transport
Machinerie à l'œuvre
Olivier Bouchard
Directeur des ventes
Soleno inc.

Le réseau routier québécois est immense. C’est plus de 185 000 km de routes qui se déploient un peu partout sur le territoire du Québec. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) possède et gère 29 000 km d’autoroutes, de routes nationales, de routes régionales et de routes collectrices. Le MTQ est également responsable de 1 200 km de chemins d’accès aux ressources et de 3 600 km de chemins de mine. Les municipalités, quant à elles, en ont 92 000 km. Les autres 60 000 km sont gérés par d’autres ministères provinciaux ou fédéraux et par Hydro-Québec1.

Les gestionnaires font face à des défis de taille en ce qui a trait à l’entretien de ces réseaux routiers. Leurs décisions doivent être prises afin que les deniers publics soient utilisés de façon optimale et efficace.

Plusieurs techniques existent aujourd’hui afin de réhabiliter et d’entretenir le réseau routier. L’une de ces techniques est la technique du planage fin, communément appelée micro-planage. Le présent article a pour objectif de présenter cette technique.

Explication de la technique

Le planage conventionnel consiste en un rabotage de la partie supérieure d’une couche de chaussée sur une épaisseur donnée, réalisé par une planeuse. Cette planeuse est munie d’un tambour équipé de dents permettant de désolidariser et de fragmenter cette épaisseur de matériaux. Ce type de planage est une technique bien connue et bien maîtrisée.

La technique du micro-planage s’apparente beaucoup à la technique du planage conventionnel. La principale différence entre ces deux techniques est la disposition des dents sur le tambour. Les figures 1 et 2 illustrent bien la différence entre les deux tambours. On remarque que dans le cas du planage conventionnel, les dents sont plus éloignées l’une de l’autre sur le tambour, l’espacement entre les dents est de l’ordre de 15 mm. Dans le cas du micro-planage, cet espacement est de 8 mm.

Cette technique peut être utilisée sur tous les types de route : autoroutes, routes rurales et municipales. Elle peut aussi servir dans des stationnements commerciaux. La figure 3 montre un exemple de machinerie à l’oeuvre.

Quand utiliser cette technique ?

Premièrement, la technique du micro-planage peut être employée pour corriger l’uni et le profil d’une route. En présence d’une problématique d’adhérence, le micro-planage s’avère aussi une technique appropriée. Enfin, le micro-planage peut également être utilisé pour faire de l’entretien préventif ou palliatif.

Au-delà d’un IRI (International Roughness Index) de 2 m/km (pour une autoroute), les usagers de la route commencent à être inconfortables. Lorsque l’on désire améliorer la valeur d’IRI d’une route, la technique du micro-planage s’avère très intéressante. Des essais de la direction du laboratoire des chaussées (DLC) du MTQ ont démontré que la valeur d’IRI est passée de 2,10 à 1,40 (- 35 %) en utilisant la technique du micro-planage2. Selon les normes du MTQ, la valeur de l’uni doit être inférieure ou égale à 1,7 m/km lorsqu’une nouvelle couche d’enrobé est mise en place. Dans le cas où cette valeur est supérieure à 1,7 m/km après la pose d’une nouvelle couche d’enrobé, il est possible d’utiliser la technique du micro-planage au lieu de refaire la pose de l’enrobé. Cela est moins couteux et, surtout, l’impact sur les usagers de la route est beaucoup plus faible. On peut également employer le micro-planage en présence d’irrégularités de profil (Bump). Ces « Bumps » peuvent avoir été causés par une mauvaise construction des joints transversaux réalisés, entre autres, au début et à la fin de la zone des travaux.

Lorsqu’une route présente des ornières supérieures à 15 mm de profondeur, il y a un risque pour la sécurité routière. En effet, en présence d’ornières aussi profondes et de chaussée mouillée il existe un risque d’aquaplanage. Afin d’éliminer les ornières, on peut utiliser un micro-planage. Connaissant la profondeur moyenne des ornières, il est possible, grâce aux contrôles électroniques de la planeuse, d’éliminer les ornières et d’assurer ainsi que les usagers de la route roulent en toute sécurité.

L’adhérence entre la chaussée et les pneus des véhicules est un élément de sécurité très important. Le fini texturé du micro-planage assure l’absence de dérapage des véhicules. L’adhérence est reliée à la macrotexture et à la microtexture de la chaussée. La macrotexture correspond aux interstices et aux espaces entre les différents granulats. La macrotexture des enrobés bitumineux est directement liée aux caractéristiques des granulats : leur forme, leur angularité et leur dimension. Quant à elle, la microtexture correspond à des microaspérités à la surface des revêtements et des granulats eux-mêmes. Elle correspond à des irrégularités de surface des granulats. La microtexture est principalement influencée par la minéralogie et la texture cristalline des granulats. La figure 4 illustre bien la différence entre les deux. Sous un certain seuil, une perte d’adhérence peut entraîner des risques pour les usagers de la route. Selon la littérature, si la valeur de la profondeur moyenne de profil (PMP) est inférieure à 0,5 mm, une intervention doit être réalisée et ce, le plus rapidement possible. L’adhérence de la chaussée est diminuée dans les situations suivantes : excès ou remontée du bitume à la surface (ressuage), usure et polissage des granulats, scellement de fissures excessif, contamination de la surface par déversement de produits liquides. Si l’on veut redonner de l’adhérence à une chaussée, l’utilisation du micro-planage peut être une technique intéressante. De plus, le procédé peut être réalisé localement (seulement où la problématique est présente) et non sur toute la largeur de la voie. Dans certains cas, il ne sera pas nécessaire d’étendre une couche d’enrobé sur la surface planée. La DLC a effectué un essai à Trois-Rivières sur une route où existait une problématique de ressuage qui engendrait un risque pour la sécurité des usagers. Les résultats ont été concluants. En effet, la valeur de la PMP est passée de 0,5 mm à 1,1 mm après l’utilisation du micro-planage.

Informations diverses

Le coût de la technique de micro-planage dépend de plusieurs facteurs. Dépendamment de la quantité à planer et de l’emplacement de la route, le coût pourra varier de 4 $/m2 à 5 $/m2. Pour ce qui est de la vitesse d’exécution, elle variera en fonction du projet. Dans de bonnes conditions, il est possible de réaliser 10 000 m2 par jour. Un autre élément intéressant de cette technique est que les usagers de la route n’ont pas l’impression de rouler sur une surface « planée ». La plupart des gens remarquent à l’oeil nu que la surface n’est pas la même, mais ne ressentent pas de différence lorsqu’ils roulent dessus. Pour ce qui est des cyclistes et des motocyclistes, ils remarquent aussi que la surface n’est pas la même, mais cela n’a pas d’impact lorsqu’ils y circulent. Les largeurs de micro-planage disponible sont de 500 mm, 1 m et 2,20 m, ce qui offre une grande flexibilité lors de la réalisation des travaux.

Contrôle de la qualité

L’un des autres points importants en faveur de cette technique est le contrôle de la qualité. En effet, un bon contrôle de la qualité assure que le résultat atteigne les objectifs. Il faut réaliser une zone de transition avec le revêtement qui reste en place au début et à la fin des zones planées. Il faut également s’assurer qu’une pente transversale de 2 % soit présente afin de permettre l’écoulement des eaux de ruissellement vers les côtés de la route. Aucune irrégularité ou dépression ne devra excéder 6 mm transversalement ou longitudinalement sur une distance de 3 m. Il est très important qu’un plan de planage soit soumis au donneur d’ouvrage par l’entrepreneur à partir des données connues. Si aucune donnée n’est disponible (uni, profondeur orniérage, etc.), la décision à propos du plan de planage pourra être prise conjointement par le donneur d’ouvrage et l’entrepreneur. Enfin, afin de s’assurer que le résultat soit concluant, l’utilisation des contrôles électroniques est importante.

Conclusion

En résumé, la technique du micro-planage est à utiliser lorsque l’on est en présence d’une problématique d’IRI, d’adhérence, de contamination ou d’orniérage. Il s’agit d’une technique de réhabilitation à faible coût et dont les interventions sont rapides et efficaces. Cette technique peut également être utilisée pour les entretiens préventif ou palliatif. Toutefois, ce n’est pas une solution miracle.

Afin d’obtenir plus d’informations, je vous invite à consulter deux documents réalisés par la DLC : l’Info DLC publié en juillet 2010 (vol. 15, no 2) qui résume bien cette technique et le devis type intitulé « Correction par planage fin de la surface en enrobé ».

 

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
17 juin 2024

AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
4 juillet 2023

MTMD

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transport-edition-printemps-2023-est-disponible
4 juillet 2023

AQTr