Des chutes à neige mécanisées utilisées avec succès depuis plus de 10 ans à Saint-Laurent
Avec une population et un réseau artériel en constante croissance, l’arrondissement de Saint-Laurent de la Ville de Montréal veille à optimiser ses opérations de déneigement et n’hésite pas à innover s’il le faut pour entretenir ses quelque 350 kilomètres de voies publiques.
Parmi ses bons coups des dernières années, soulignons l’ajout d’une clause dans l’octroi des contrats des équipements loués avec opérateurs qui oblige les fournisseurs à n’utiliser que des pièces d’équipement ayant un maximum de 10 ans, la création d’un quart de nuit la fin de semaine consacré aux opérations d’épandage d’abrasifs, l’adoption d’un nouveau règlement sur la neige et le déneigement destiné aux résidents et la mise en place d’une procédure de déneigement sur rues étroites adaptée à son nouveau développement résidentiel Bois-Franc.
Au cours de la saison hivernale 1998-1999, Saint-Laurent a également été le premier à faire l’acquisition de chutes à neige mécanisées à la suite de l’essai concluant d’un prototype à Saint- Léonard. Il s’agit d’une décision que l’administration laurentienne n’a jamais regrettée!
De nombreux avantages
Même si, à première vue, le choix d’une chute à neige ne correspond pas à une option économique en raison de ses coûts d’achat et d’entretien, cette installation offre des avantages indéniables sur de nombreux plans. Par exemple, en diminuant le kilométrage parcouru par les équipes de déneigement, on réduit à la fois la consommation de carburant, l’émission de GES et la durée des opérations. En d’autres mots, on déneige plus rapidement et à moindres coûts tout en limitant l’impact sur l’environnement et la sécurité routière. Il s’agit d’une situation gagnante tant pour l’arrondissement que les contribuables.
Sites choisis
Saint-Laurent est divisé en sept secteurs de déneigement. Au plus fort des opérations, entre dix et douze camions de grosseurs variables circulent sur chacun d’eux, faisant des allers-retours constants entre les souffleuses et le site d’élimination de la neige. Comme on le devine facilement, chaque minute compte pendant cette période. L’utilisation de chutes à neige mécanisées se révèle alors un choix stratégique afin d’améliorer l’ensemble du processus.
L’arrondissement compte deux chutes à neige mécanisées de type Dögens. Située sur la rue Stinson, la première dessert deux à trois routes de déneigement à la fois, selon la disponibilité du site. La deuxième est située sur le boulevard Jules-Poitras, à l’intersection du boulevard Henri-Bourassa, et ne dessert qu’une seule route de déneigement à la fois en raison de sa proximité de la chute à neige de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, ce qui oblige les camionneurs des deux arrondissements à emprunter le même chemin.
En plus d’être motivé par un souci d’économie et d’efficacité, le choix de l’emplacement de ces chutes a été déterminé en fonction de la répartition géographique des deux dépôts de surface que Saint-Laurent avait déjà.
Points à surveiller
La municipalité qui emploie une telle installation doit, cependant, veiller à ce que les camionneurs réduisent le plus possible leur temps d’attente à la chute, car il faut compter entre deux et quatre minutes, selon la grosseur du chargement, pour que la neige disparaisse complètement dans l’égout et qu’un autre camion puisse s’avancer. De plus, en cas de déversements trop rapprochés, il peut arriver qu’une obstruction se forme dans la chute, ce qui la rend alors inopérante pendant un certain temps et oblige les camions à déverser temporairement les neiges usées à même le site. Il s’agit toutefois d’une situation qui se règle assez rapidement et qui peut être évitée en suivant les consignes d’usage.
Une solution d’avenir
Après une expérience concluante au cours des dix dernières saisons hivernales, Saint- Laurent est ainsi en mesure de recommander à toute municipalité l’installation d’une chute à neige mécanisée en raison des nombreux avantages énumérés précédemment. De plus, le choix d’un tel équipement se révélera de plus en plus judicieux sur le territoire de l’île de Montréal; puisque les terrains d’une superficie suffisante pour aménager un dépôt de surface respectant toutes les exigences du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs se feront de plus en plus rares et coûteux.
Comme pour toute installation d’envergure, une chute à neige mécanisée en bon état de marche repose sur un système plutôt complexe devant fonctionner le plus possible de façon autonome. Une chute à neige de type Dögens, comme celles qui sont utilisées à Saint-Laurent, comporte quatre grands composants.
Le premier consiste en deux réceptacles souterrains de forme pyramidale dans lesquels les camions déversent la neige. Celle-ci est alors dirigée vers l’égout par le biais de cinq vis primaires qui la poussent vers une vis secondaire, laquelle fait déverser la neige dans l’égout, et ce, pour chaque réceptacle. Ce principe régularise le débit de la neige vers l’égout et évite la formation d’une obstruction dans le collecteur.
Le deuxième composant est le système hydraulique, qui consiste en un ensemble de pompes, de canalisations et de moteurs hydrauliques et électriques.
Le troisième composant est le système d’alimentation électrique comprenant la section puissance et la section distribution.
Le quatrième et dernier composant est le système de contrôle, où l’on retrouve les sondes de mesure et l’automate de contrôle. C’est ce dernier qui permet à l’installation de fonctionner de façon autonome.
Une charpente en deux parties
Le bâti constitue la partie principale de la charpente, la deuxième étant le réceptacle pyramidal de chargement.
Le bâti est situé au-dessus de l’égout, soit quelques mètres au-dessus de la surface de l’eau. Il repose normalement sur une dalle de béton à l’intérieur d’une chambre en béton armé. Enfouie dans le sol, cette chambre abrite le bâti ainsi que son réceptacle de chargement.
Le bâti est une structure d’acier de forme rectangulaire qui possède deux convoyeurs. Ces derniers servent à transporter et à distribuer la neige de façon autonome.
Dit primaire, le premier convoyeur consiste essentiellement en une boîte de forme rectangulaire avec cinq vis sans fin et à vitesse de rotation variable pouvant atteindre 20 tours par minute. En tournant, ces vis entraînent la neige vers le convoyeur secondaire. Celui-ci prend la forme d’un cylindre dans lequel une vis munie à sa périphérie de couteaux tourne à une vitesse constante d’environ 250 tours par minute. Ce convoyeur reçoit donc la neige du convoyeur primaire, la déchiquette et l’envoie vers le bas par une ouverture située à même le cylindre. La neige est ainsi dirigée vers l’égout selon une distribution uniforme et sur une grande surface, ce qui l’empêche de s’amonceler à un seul endroit et d’obstruer l’égout.
Le réceptacle de chargement, quant à lui, consiste en une structure d’acier de forme pyramidale installée au-dessus du bâti de la machine à l’intérieur même de la chambre.
Il possède quatre anneaux de levage, lesquels permettent son enlèvement facile afin d’accéder au bâti et d’en faire l’entretien général (nettoyage, graissage, peinture). On retrouve aussi sur sa partie supérieure deux portes latérales et un déflecteur arrière qui, lorsque placés en position ouverte, permettent de guider la neige dans le réceptacle lui-même et d’empêcher ainsi tout déversement de neige au sol, sur les côtés et à l’arrière du réceptacle.